Le nouvel équipement universitaire situé à 200 mètres du pôle d’échange multimodal est baptisé du nom de Michèle Weil. Cette Sétoise, née Bergougnoux, à Cahors, le 8 mars 1940 – qui deviendra quelques décennies plus tard la journée internationale des droits des femmes – a été la première femme élue à la présidence de l’Université Paul Valéry à Montpellier, en 1998.
Elle grandit à Bruxelles, où son père tient un garage automobile, passe ses étés dans le Lot ou en Normandie. Elève studieuse, elle est poussée par ses professeurs, entre au lycée Fénelon, puis en classe préparatoire : le monde des idées ne la quittera jamais. Elle intègre
Normale Sup’ en 1961, rencontre Jean-Marie Weil, donne naissance à Laurence en pleine période d’études, décroche une agrégation dans le même temps, en 1965 !
C’est au début des années 70 que le couple tombe amoureux de Sète, achète un terrain au sommet du Saint-Clair et y fait construire une maison à la vue incroyable : une des meilleures décisions de sa vie, dira-t-elle. De là-haut, elle poursuit son parcours brillant, mène une thèse d’État sur Robert Challe – dont les Illustres Françaises est un des plus beaux romans de la fin du règne de Louis XIV – devient professeure de Littérature à l’Université Paul Valéry. Elle s’offre une pause au milieu des années 80, change de cap : elle a découvert la voile, sillonnera la Méditerranée pendant 3 ans, des Baléares à la Grèce avec un vrai coup de cœur pour les Cyclades. Elle trace des cartes, veille de nuit pendant la tempête, évite les collisions in extremis ; les plus belles années de ma vie, dira-t-elle, elle qui s’enorgueillit d’avoir remporté un jour une régate contre des hommes avec un équipage de femmes !
Voyageuse infatigable – la Réunion, la Nouvelle-Orléans, l’Inde, le Canada… – elle assurera fréquemment des cours en Polynésie française, dont l’archipel lui rappelait l’île mystérieuse de Jules Verne : on échappe rarement à ses lectures d’enfance. Personnalité marquée, humaniste et féministe, elle devient donc en 1998 la Présidente de l’Université Paul Valéry, à Montpellier : des années passionnantes, parfois compliquées, se souvient-elle. Toujours pugnace, et sans peur de déplaire, elle s’engage dans le combat contre les droits
universitaires illégaux payés par les étudiants, œuvre en faveur de la politique sociale et culturelle de son université, en ouvrant la première maison des étudiants et le Théâtre de la vignette, au plein cœur du campus universitaire.
Un autre de ses combats, plus symbolique, sera de lutter contre l’arrachage programmé des amandiers du site, qui fleurissent depuis, tous les printemps, en souvenir de cette femme nommée Chevalier de la Légion d’honneur et des Palmes académiques en 1999. Cinq ans avant une retraite qu’elle mènera tambour battant, là aussi, se lançant en politique – conseillère régionale de la Région Languedoc Roussillon, déléguée à la Francophonie – de 2004 à 2010, sous la présidence de Georges Frèche : de belles rencontres et des débats houleux, une fois de plus. Comme si elle s’en nourrissait.
À 70 ans, elle décide enfin de se poser, avec ses chiens, sur la grande terrasse du St-Clair, pour lire, regarder la mer en récitant de la poésie, s’emporter encore sur des sujets qui lui tiennent à cœur, voyager, jouer au bridge et cultiver son jardin. Dans les deux acceptions, encore et toujours. Avant de quitter la scène en janvier 2023. C’est un grand honneur pour sa mémoire de donner son nom, à l’initiative de François Commeinhes, au nouveau Pôle Universitaire de Sète.
Une femme dont le parcours et la volonté seront, souhaitons-le des sources d’inspiration pour la jeunesse sétoise, sur le site qui portera son nom.
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