Article publié le 08.01.2020
La cuisine sétoise est l’héritière d’un riche passé qui a vu s’installer sur nos côtes plusieurs civilisations, chacune d’elles contribuant à nourrir un patrimoine gastronomique unique et exceptionnel. Plus tard, au XVIIe siècle, voisins Provençaux, Catalans, Génois et petits pêcheurs du sud de l’Italie, Algériens et Marocains venus des confins de l’Afrique, ont enrichi de parfums et de saveurs cette tradition culinaire familiale. Poissons, coquillages et crustacés en constituent le fond. C’est ce patrimoine que les ambassadeurs de la gastronomie sétoise continuent de perpétuer et transmettre. Au premier rang de ces spécialités : la tielle et la macaronade.
Adrienne Virducci et la tielle
La tielle vient de la petite bourgade de pêcheurs de Borgo de Gaete en Italie qui, sous la domination espagnole au siècle de Charles Quint, nourrissait frugalement ses enfants. De la pâte étalée, un peu d’huile, quelques anchois et olives : l’ancêtre de la pizza était l’ordinaire… Mais les autochtones remarquèrent que la soldatesque ibérique confectionnait à peu près la même chose avec un couvercle de pâte par-dessus, et que cette “chose” se conservait plus longtemps. Ils ont donc copié leurs envahisseurs. La technique s’est progressivement affinée : on a mis la pizza dans un plat de terre cuite appelée “teglia”… La tielle était née. La suite, on la connaît : dans les années 30, Adrienne Pagès tenait avec son mari Bruno Virducci, un Italien du sud, un petit étal de coquillages au pont de la Civette à Sète, à l’enseigne de La Reine des Mers. Ses tartes de “pouffres” (poulpe en Sétois) étaient renommées dans le quartier… C’est ainsi qu’Adrienne Virducci, et après elle, ses enfants, firent de cette tourte l’un des fleurons de la gastronomie sétoise.
Jean Brunelin, chantre de la cuisine sétoise
Chef cuisinier, auteur, photographe, un temps représentant du Languedoc au sein du Conservatoire des cuisines méditerranéennes… : Jean Brunelin n’est pas d’origine italienne comme l’illustre plat dont il s’est fait le chantre : la macaronade. Il est de la Pointe. “Mais j’ai été élevé par les tantes Avallone”, dit-il “qui étaient originaires du sud de l’Italie. Et j’ai baigné dans cette culture. Mon meilleur ami, c’était Achille Virducci et j’ai appris à faire la tielle avec sa mère, Adrienne”. Voilà comment Jean Brunelin en sait autant sur la cuisine de l’étang de Thau que sur les recettes transalpines. “En Italie le mot ‘macaronade’ désigne tout ce qui se prépare avec des macaronis. C’est à Sète qu’elle est devenue la macaronade ‘à la sétoise’, le seul plat de viande connu dans la cuisine locale”. En 1978, il crée pour rire, dans son restaurant La Croque-sel, un modeste concours de macaronade. Les concurrentes sont toutes des ‘mamas’ du Quartier-Haut. L’idée enfle. En 87, c’est le 1er “Championnat du monde”. L’année d’après, avec une quinzaine d’autres farfelus, il lance l’idée de la Confrérie des Taste-Macaronades, habille les 17 confrères de robes et de chapeaux rouges. Très gros succès ! L’aventure s’arrêtera en 2003. A la retraite, Jean Brunelin ne désarme pas : à son actif, des livres, des reportages, des articles, des photos… et la création d’un groupe Facebook, Défendons la cuisine sétoise, qui compte aujourd’hui plus de 5 000 abonnés, dont Fidji Simo, la Sétoise directrice de Facebook.
“S’il fallait choisir, oui, le plat le plus emblématique, c’est la macaronade”
Après Jean Brunellin, le championnat du monde de la macaronade a été repris “pour ne pas la perdre” par Rudy Cerrato dans son ancien restaurant La barque bleue sur la plage du Lazaret puis depuis 2018 au bar Le Korner rue Général de Gaulle. Dans le même temps, l’association CerCléTou a été créée reprenant les initiales de ses trois membres. “On fait surtout ça pour le plaisir. L’idée c’était de faire une animation et de partager un moment avant le démarrage de la saison des joutes” explique Rudy Cerrato. Voilà pourquoi elle a lieu le premier dimanche de juin. Elle met à l’honneur un autre plat emblématique de la cuisine sétoise. Le plus emblématique ? “S’il fallait choisir, oui, le plat le plus emblématique, c’est la macaronade car vous ne la trouverez pas ailleurs qu’à Sète” tranche Rudy Cerrato. Là encore, sa recette doit être scrupuleusement suivie mais reste finalement une science un peu inexacte car “chacun la fait à son goût”. Pour le pâtissier des Halles, la défense de la gastronomie sétoise est une évidence. Son oncle, Marcel Cerrato, était le premier vainqueur de ce championnat unique en France. La macaronade, c’est aussi le plat de référence de la Saint-Louis. Rien que ça.
IGP : une reconnaissance “formidable” pour la tielle
“Ce serait formidable pour les tiellistes du bassin de Thau et à priori ce serait la 1ère IGP pour un produit alimentaire transformé” commentait Christian Dassé, président de l’Association pour la promotion de la gastronomie sétoise (AGPS), en mars lors de la présentation de la démarche de labellisation d’Indication géographique protégée (IGP) à Paris. Il s’était alors rendu au Sénat avec le maire de Sète pour présenter la tielle sétoise. L’AGPS a été créée en 2013 et rassemble neuf des onze fabricants de tielle du territoire. Un an après sa création, elle organisait la 1ère fête de la tielle. Un succès qui avait réuni plus de 2 000 visiteurs. L’événement a ensuite été reconduit et devait avoir lieu en 2019 mais a été annulé à cause du mauvais temps. Rien de vraiment inquiétant pour ce produit qui séduit toujours autant habitants et visiteurs. Preuve qu’elle est une institution sur l’île singulière, demander à un groupe de Sétois où chacun se fournit en tielle suffit à déclencher un débat animé. Dassé, Paradisio, Cianni, Guilietta, Marinello, Lorenzo… chacun son choix et sa version. Après tout, il est bon de se rappeler qu’en Italie, cette tourte a aussi de très nombreuses déclinaisons.
1001 Pâtes : “Rester proche de la gastronomie”
Voilà 13 ans qu’elle défend la gastronomie sétoise chaque année à travers des ateliers et son Grand chapitre. Il s’agit évidemment de la Confrérie des 1001 pâtes. Une organisation qui a choisi ce nom car “Sète est un territoire où l’on cuisine les pâtes de mille et une façons” éclaire Madeleine Durand, Grand maître de la Confrérie. Pâtes aux anchois, macaronade, spaghettis aux fruits de mer… il est vrai que la cuisine sétoise, très influencée par les racines italiennes, en raffole. Lors de leur dernier Grand chapitre, la Confrérie des 1001 pâtes avait d’ailleurs préparé des pâtes au poulpe pour leurs confrères venus de toute la région. Près de 200 personnes issues de 27 confréries ont participé à la manifestation au centre de vacances du Lazaret le samedi 23 novembre lors de laquelle sept nouveaux membres ont été intronisés. C’est en recevant mais aussi en allant parler de son savoir-faire dans les événements des autres confréries que 1001 pâtes défend la gastronomie sétoise. Mais pas seulement. Elle participe aussi à plusieurs ateliers au cours de l’année. “A la Saint-Louis, on anime l’atelier de la tielle où l’on essaye de faire beaucoup de pédagogie. On donne envie aux enfants de rester proches de cette gastronomie” continue Madeleine Durand.
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